Modélisation de la distribution électrique des centrales : un comparatif international est effectué

Introduction
Avec son réseau de câbles, ses disjoncteurs, et ses transformateurs, la distribution électrique irrigue toute la centrale nucléaire. Un accident survient, et c’est elle qui, à partir des lignes électriques externes ou des diesels de secours, alimente les moteurs des pompes qui vont refroidir le réacteur. Alimenter ces moteurs avec des caractéristiques électriques spécifiques est alors essentiel pour la sûreté.
En cas d’accident, la distribution électrique - dont on voit ici une partie des installations dans la centrale de Cruas-Meysse en Ardèche - alimente les moteurs des pompes qui refroidissent les réacteurs nucléaires. - © Agence Réa/Xavier Popy

Avec son réseau de câbles, ses disjoncteurs, et ses transformateurs, la distribution électrique irrigue toute la centrale nucléaire. Un accident survient, et c’est elle qui, à partir des lignes électriques externes ou des diesels de secours, alimente les moteurs des pompes qui vont refroidir le réacteur. Alimenter ces moteurs avec des caractéristiques électriques spécifiques est alors essentiel pour la sûreté.
Pour s’en assurer la simulation dynamique des réseaux électriques des centrales est de plus en plus utilisée. Mais jusqu’à présent aucune comparaison des pratiques entre pays n’avait été effectuée.
C’est désormais chose faite grâce au premier benchmark international organisé dans le cadre du groupe de travail WGELEC1 de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et animé par l’IRSN. Sur la base de données réelles fournies par EDF, huit participants, représentants de sept pays, ont modélisé chacun le même réseau électrique simplifié et simulé les mêmes transitoires électriques. Les échanges techniques sur le processus de modélisation ou la comparaison des résultats ont permis de partager les difficultés et les bonnes pratiques. Par exemple, comment modéliser fidèlement un moteur ou construire un modèle d’ensemble en le validant pas à pas…

 

1. La mission principale du groupe de travail sur la sûreté des systèmes électriques (WGELEC) est d’aborder les questions de sûreté des systèmes électriques des installations nucléaires. 

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Exposition professionnelle : des inspecteurs formés au logiciel Cidrre

Introduction
En 2024, le bureau d’études et d’expertise en radioprotection de la population de l’IRSN anime une session de formation des membres de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) afin qu’ils développent leur connaissance sur l’outil Cidrre. Ils effectuent en effet des inspections de radioprotection dans le domaine médical : centre hospitalier, clinique privée… Cette formation contribue à l’amélioration de la radioprotection des travailleurs de l’assainissement.
Le logiciel Cidrre estime l’exposition aux rayonnements ionisants des professionnels qui travaillent dans les systèmes d’assainissement des eaux usées, comme les égoutiers. - © Sophie Debove/Istock

En 2024, le bureau d’études et d’expertise en radioprotection de la population de l’IRSN anime une session de formation des membres de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) afin qu’ils développent leur connaissance sur l’outil Cidrre. Ils effectuent en effet des inspections de radioprotection dans le domaine médical : centre hospitalier, clinique privée… Cette formation contribue à l’amélioration de la radioprotection des travailleurs de l’assainissement.
À quoi sert Cidrre ? Il estime l’exposition aux rayonnements ionisants des professionnels qui travaillent dans les systèmes d’assainissement des eaux usées. Ces personnels peuvent exercer leur activité à proximité de rejets radioactifs provenant de laboratoires médicaux, de recherche ou de services de médecine nucléaire. Cidrre estime la dose qu’ils sont susceptibles de recevoir1. Développée2 par l’IRSN, l’application est mise à la disposition, par internet1, des services de médecine nucléaire, des laboratoires et des gestionnaires de systèmes d’assainissement, soucieux de la santé de leur personnel. Les services hospitaliers et les laboratoires s’assurent que leurs rejets ne représentent pas un risque sanitaire en aval.

INFOGRAPHIE - Mesurer l'exposition des personnels avec Cidrre : comment ça marche ?

Un service de médecine nucléaire de taille moyenne effectue environ 7 500 actes d’imagerie médicale et de traitement par an. Il en résulte des déversements radioactifs dans les égouts de l’hôpital. Dans les réseaux d’assainissement, du personnel est en contact avec ces radionucléides. Avec l’application Cidrre, cette exposition est mieux connue.

1. https://cidrre.irsn.fr/
2. Cidrre est lancée à l’initiative de l’ASN. La méthode mise au point a été validée par un groupe de travail comprenant l’IRSN, des représentants des services de médecine nucléaire et des gestionnaires de réseaux d’assainissement.
 

Contact

Éric Blanchardon
eric.blanchardon@irsn.fr

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Crédit d’impôt recherche : l’Institut est agréé

Au Laboratoire de radiochimie à Fontenay-aux -Roses (Ile-de-France) , des recherches sont menées sur la décontamination de la peau exposée à l’uranium. - © Noak/Le bar Floréal/Médiathèque IRSN

Les dépenses des industriels pour des activités de recherche et développement (R&D) sont éligibles au Crédit d’impôt recherche (CIR) depuis le 1er janvier 2022. Ceci à condition qu’elles soient réalisées par des organismes titulaires d’un agrément délivré par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI). L’IRSN a été agréé par le MESRI pour dix ans.
Ce crédit d’impôt soutient les activités de R&D des entreprises, quel que soit leur secteur ou leur taille. Certaines, engageant des dépenses de recherche fondamentale et de développement expérimental, peuvent en bénéficier et les déduire de leur impôt. Les recherches menées au sein de l’Institut sont largement partenariales, avec des structures institutionnelles, académiques et industrielles. Deux exemples : une cloche de protection pour la découpe laser d’un site en démantèlement et une crème pour décontaminer la peau exposée à l’uranium. Cet agrément participe à la reconnaissance de la qualité scientifique des recherches que mène l’IRSN.

Contact à l’IRSN 

isabelle.guyot@irsn.fr ou via le formulaire https://nrd.irsn.fr/Contact 

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Centrales ukrainiennes : l’IRSN contribue à l’amélioration de la sûreté

Introduction
Remplacement de disjoncteurs électriques, refroidissement de la piscine de combustibles en situation ultime par des pompes mobiles, dépressurisation forcée de l’enceinte de confinement en cas de fusion du cœur : voilà trois exemples de mesures d’améliorations qui vont être mises en place au niveau des centrales nucléaires en Ukraine.
La centrale nucléaire de Zaporijjia, au centre de l’Ukraine, est surveillée de près depuis l’invasion de la Russie en février 2022. - © Pavel Lisitsyn/SPUTNIK/SIPA

Remplacement de disjoncteurs électriques, refroidissement de la piscine de combustibles en situation ultime par des pompes mobiles, dépressurisation forcée de l’enceinte de confinement en cas de fusion du cœur : voilà trois exemples de mesures d’améliorations qui vont être mises en place au niveau des centrales nucléaires en Ukraine.
Dans ce pays, à l’issue des premières évaluations de sûreté conduites au sein de l’AIEA ou par l'intermédiaire de projets de support financés par la commission européenne, un programme de modernisation des centrales est décidé. Il est progressivement mis en place sur les quinze réacteurs en exploitation.
Depuis une vingtaine d’années, l’IRSN et son homologue allemand GRS1 participent à l’examen de ces mesures dans le cadre de contrats d’assistance financés par la Commission européenne. À l’automne 2023, un rapport – destiné à la DG INTPA2 – présente l’évaluation de trente-six d’entre elles, sélectionnées en raison de leur importance pour la sûreté. Une demi-douzaine d’experts IRSN contribuent à son élaboration. Cinq inspections sur sites sont menées – avec l’autorité3 et l’expert technique ukrainiens4 – pour suivre et vérifier la mise en œuvre de ces mesures.
Depuis le développement de la coopération internationale à la sûreté nucléaire en Europe de l’Est, au début des années 1990, l’IRSN joue un rôle majeur dans l’aide apportée aux organismes de sûreté des pays de cette région.

Contact : jean-luc.chambon@irsn.fr; vassili.orzov@irsn.fr

1. GRS, Gesellschaft für Anlagen- und Reaktorsicherheit
2. DG INTPA : Direction générale du développement et de la coopération à la Commission européenne
3. Autorité de sûreté nucléaire ukrainienne : State Nuclear Regulatory Inspectorate of Ukraine (SNRIU)
4. Centre scientifique et technique d’État pour la sûreté nucléaire et radiologique – State Scientific and Technical Center for Nuclear and Radiation Safety (SSTC NRS)

Parmi les améliorations prévues sur les centrales ukrainiennes, de nouvelles pompes mobiles – ici à la centrale de Zaporijjia – sont destinées à injecter de l’eau pour refroidir la piscine combustible en situation ultime. - © Energoatom
Deux techniciens vérifient la mise en place de matériels électriques dans la centrale de Rivné, dans le nord-ouest de l’Ukraine. - © Energoatom
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Chargement en combustible de l’EPR de Flamanville : quels enseignements tirés des incidents survenus sur les EPR chinois ?

Introduction
Corrosion des gaines contenant du combustible, usure d’éléments de maintien des grilles des assemblages… à la suite d’anomalies observées sur les EPR chinois, des dispositions sont prises par EDF pour l’EPR de Flamanville 3 (Manche). Un dialogue technique s’engage entre l’industriel, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et des experts de l’IRSN en combustible et thermohydraulique pour faire un retour d’expérience et en tirer les conséquences en vue du premier chargement du cœur de cette installation.
Le réacteur 1 de la centrale nucléaire de Taishan, dans le sud de la Chine, est le premier EPR mis en service dans le monde en 2018. - © EDF

Corrosion des gaines contenant du combustible, usure d’éléments de maintien des grilles des assemblages… à la suite d’anomalies observées sur les EPR chinois, des dispositions sont prises par EDF pour l’EPR de Flamanville 3 (Manche). Un dialogue technique s’engage entre l’industriel, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et des experts de l’IRSN en combustible et thermohydraulique pour faire un retour d’expérience et en tirer les conséquences en vue du premier chargement du cœur de cette installation.
Le retour d’expérience du premier EPR mis en service dans le monde (Taishan 1, en Chine) met en évidence des anomalies relatives au combustible. Lors du premier cycle de fonctionnement de ce réacteur, des fluctuations localisées de puissance dans le cœur1&3 sont détectées : elles sont dues à des mouvements latéraux des assemblages de combustible, engendrés par des fluctuations de vitesse d’écoulement de l’eau dans la cuve, elles-mêmes dues au retournement brutal du sens d’écoulement de l’eau au fond de la cuve (voir infographie). Ces mouvements usent des parties extérieures des grilles de maintien des assemblages en périphérie du cœur. En juillet 2021, le deuxième cycle de fonctionnement du réacteur est interrompu à la suite d’une montée de la radioactivité dans le circuit primaire consécutive à des percements de gaines de crayons de combustible. Ces percements sont la conséquence de ruptures – par corrosion sous contrainte – de ressorts de maintien des grilles des assemblages2, essentiellement pour des assemblages ayant été irradiés en périphérie du cœur. Une corrosion excessive des gaines de combustible en alliage M55 est par ailleurs observée en partie haute des crayons2&4.
Un dialogue technique s’engage pour tirer les enseignements pour le premier chargement du cœur de l’EPR de Flamanville 3 (FLA3). EDF adapte les seuils de déclenchement des alarmes et de l’arrêt automatique du réacteur aux fluctuations de puissance attendues et reprend la démonstration de sûreté en conséquence. L’IRSN considère que la démarche1 est techniquement adaptée, tout en soulignant qu’il faudra vérifier in situ le comportement réel du cœur de Flamanville3.
L’industriel engage le remplacement des soixante-quatre assemblages prévus pour être chargés en périphérie du cœur de FLA3 par des assemblages avec des grilles ayant subi un traitement thermique améliorant leur résistance à la corrosion sous contrainte : ce remplacement est une réponse pertinente au problème identifié2. Pour la corrosion excessive de l’alliage M55, phénomène connu et analysé par l’IRSN sur le parc4, I’Institut conclut au caractère satisfaisant, d’un point de vue technique, des dispositions retenues par EDF pour Flamanville4.
Les fluctuations de puissance observées à Taishan étant la conséquence de phénomènes hydrauliques en cuve, l’IRSN recommande, dès juillet 20221 qu’EDF définisse et mette en œuvre, « aussi rapidement que le permet son processus de qualification, une modification matérielle permettant d’optimiser l’hydraulique dans […] la cuve ». L’industriel prépare l’ajout dans le fond de la cuve d’un dispositif supplémentaire de stabilisation de l’écoulement, solution qui sera mise en œuvre après le démarrage de l’EPR de Flamanville.

 

1. Avis IRSN N°2022-00154 du 21 juillet 2022 Avis-IRSN-2022-00154.pdf
2. Avis IRSN N°2023-00010 du 19 janvier 2023 Avis IRSN 2023-00010 - EPR - Prise en compte pour l’EPR FA 3
3. Avis IRSN N°2023-00112 du 17 juillet 2023 Avis-IRSN-2023-00112.pdf
4. Avis IRSN N°2023-00151 du 13 octobre 2023 Avis-IRSN-2023-00151.pdf
5. Avis IRSN N°2021-00151 du 6 août 2021 Avis-IRSN-2021-00151.pdf
6. L’alliage M5 est composé de zirconium, de niobium, d’oxygène et de fer

 

INFOGRAPHIE - Anomalies détectées dans le réacteur de l’EPR chinois : de quoi s’agit-il ?

Le percement de gaines de crayons de combustible conduit à l’arrêt en 2023 du réacteur EPR numéro 1 de Taishan, en Chine.

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Lésions radio-induites : les étapes à franchir pour utiliser les vésicules extracellulaires en thérapeutique

Introduction
L’efficacité des vésicules extracellulaires (exosomes) pour la réparation des lésions radio-induites est démontrée par de nombreux travaux de recherche.
Les exosomes sont des vésicules de 30 à 100 nm déversées par une cellule dans son environnement. Voici comment elles se forment.
Radia Tamarat, experte en radiopathologie à l’IRSN. - © Collection privée

L’efficacité des vésicules extracellulaires (exosomes) pour la réparation des lésions radio-induites est démontrée par de nombreux travaux de recherche. Ces vésicules de très petite taille – environ 100 nanomètres – sont des messagers intercellulaires qui permettent la revascularisation d’un tissu irradié et stimule la cicatrisation. Leur utilisation est envisagée pour des complications de radiothérapie – intestinale, cutanée… – ou en cas d’accident nucléaire de grande ampleur. Quelles sont les étapes à franchir afin qu’elles soient utilisées comme traitement chez l’homme ? Cinq à dix années sont encore nécessaires.
Des études précliniques doivent préciser leur efficacité chez l’animal et démontrer leur innocuité. Des essais sont en cours à l’hôpital Marie-Lannelongue, au Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine), sur un modèle de lésions radio-induites chez l’animal (cochon). Des essais devront être menés pour élaborer différentes formulations – gel, solution injectable lyophilisée… – adaptées aux différents types de lésions. L’objectif est aussi de disposer de biobanques pour le traitement d’un grand nombre de victimes en cas d’accident d’ampleur.
Le challenge reste la standardisation de la production de ces vésicules à grande échelle.

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Quel est l’impact sanitaire de la radioactivité découverte sur la plage de Trébézy ?

Introduction
Les sables radioactifs de la plage de Trébézy, à Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, ne soulèvent pas d’enjeu sanitaire et ne nécessitent pas de mesures particulières de radioprotection. Voilà les conclusions des experts de l’IRSN en matière de surveillance de l’environnement et de radioprotection de la population à l’issue d’une campagne d’investigation.
Sur la plage de Trébézy, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), des prélèvements sont réalisés par l’association Vert Pays Blanc et Noir (VPBN). L'Institut mène une étude pour caractériser l'anomalie radiologique et comprendre son origine. - © IRSN

Les sables radioactifs de la plage de Trébézy, à Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, ne soulèvent pas d’enjeu sanitaire et ne nécessitent pas de mesures particulières de radioprotection. Voilà les conclusions des experts de l’IRSN en matière de surveillance de l’environnement et de radioprotection de la population à l’issue d’une campagne d’investigation.
De quoi s’agit-il ? Située à l’embouchure de la Loire, cette plage a une particularité : à certains endroits, les sables revêtent une couleur lie-de-vin sombre qui contraste avec la couleur ocre, plus claire, des autres sables. En mai 2023, l’IRSN décide d’entreprendre une première étude et produit une cartographie illustrant la variation en surface de l’intensité du rayonnement émis. Les analyses montrent que les sables sombres contiennent davantage d’uranium et de thorium, deux éléments radioactifs naturellement présents sur Terre.
Quelle est l’origine de ce phénomène ? Les spécialistes évoquent l’éventualité d’une érosion des formations géologiques surplombant la plage. Des études complémentaires sont nécessaires pour confirmer cette hypothèse.
Cette découverte remonte au mois d’avril 2022, lorsqu’un citoyen identifie une anomalie radiamétrique sur la plage et une association locale montre que les sables sombres émettent dix fois plus de rayonnement que les clairs.

 

Pour en savoir plus 

Pour s’informer sur les suites de l’étude et y participer :
https://www.irsn.fr/savoir-comprendre/environnement/anomalie-radioactiv…

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Le microbiote peut-il réduire les effets secondaires de la radiothérapie ?

Introduction
Quatre-vingt-dix pour cent des patients traités par une radiothérapie pour un cancer pelvien souffrent de désordres fonctionnels digestifs causés par l’irradiation de cette zone. Leur qualité de vie est dégradée. Quel rôle joue le microbiote dans cette maladie ?
En observant un échantillon de matière fécale humaine au microscope électronique, toute la diversité et l'abondance des bactéries du microbiote se révèlent. - © Thierry Meylheuc / Médiathèque INRAE

Quatre-vingt-dix pour cent des patients traités par une radiothérapie pour un cancer pelvien souffrent de désordres fonctionnels digestifs causés par l’irradiation de cette zone. Leur qualité de vie est dégradée. Quel rôle joue le microbiote dans cette maladie1 ? Le microbiote, aussi appelé « flore intestinale », correspond à l’ensemble des micro-organismes – bactéries, champignons, virus… – vivant dans le tube digestif en symbiose avec le corps. Des recherches montrent le pouvoir de certaines souches bactériennes ou probiotiques sur la protection de cet organe face à l’irradiation2. L’élaboration par l’IRSN d’un modèle préclinique de la maladie, associé à une analyse des données par des outils mathématiques et statistiques, apporte des éléments de réponse sur l’état du microbiote au cours du temps après irradiation. Certaines voies métaboliques, au sein d’un groupe spécifique de bactéries, sont altérées et cela est directement corrélé à la sévérité des dommages du côlon. Ces bactéries et leurs voies métaboliques constituent une nouvelle cible thérapeutique potentielle.

Alexandra Sémont (à gauche), chercheuse, et Mallia Geiger, doctorante, étudient le microbiote intestinal dans le cas de radiothérapie au sein du Laboratoire de radiobiologie des expositions médicales de l’IRSN à Fontenay aux Roses (Hauts-de-Seine). - © Albane Noor/Signatures/Médiathèque IRSN

Ces travaux sont menés par le Laboratoire de radiobiologie des expositions médicales de l’IRSN, à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), avec plusieurs équipes de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae)3 et 4. Les recherches se poursuivent à l’Institut pour valider les hypothèses et proposer un traitement de la maladie. Le transfert d’un microbiote fécal sain vers un patient souffrant de cette maladie pourrait être une option thérapeutique. Elle est actuellement testée expérimentalement à l’IRSN.

 

1. Cette maladie correspond aux problèmes transitoires ou chroniques, et notamment digestifs, liés à un dommage du tissu sain (non tumoral) consécutif à un traitement des cancers pelviens par radiothérapie. Elle est dénommée PRD pour pelvic radiation disease.
2. Alexia Lapiere et al., 2020, Gut Microbes, DOI :10.1080/19490976.2020.1812867
3. Université Paris-Saclay, Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), MetaGenoPolis (MGP) et AgroParisTech, Micalis, Jouy-en-Josas, France
4. C2VN, Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (inrae), Inserm, Aix-Marseille Université, Marseille, France

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Exposition professionnelle : une étude confirme l’existence d’un risque de cancer faible aux faibles doses

Introduction
Les nouveaux résultats de l’étude épidémiologique Inworks confirment l’existence d’une relation solide entre le risque de cancer et l’exposition à de faibles doses de rayonnements ionisants étalées dans le temps (faible débit de dose). L’étude porte sur 300 000 travailleurs français, américains et britanniques employés à partir des années 1940 dans l’industrie nucléaire.
Ce technicien portant un équipement de protection individuelle (EPI), une tenue étanche ventilée, intervient dans la centrale nucléaire de Cattenom, en Moselle. - © David Queyrel / Médiathèque EDF

Les nouveaux résultats de l’étude épidémiologique Inworks1 confirment l’existence d’une relation solide entre le risque de cancer et l’exposition à de faibles doses de rayonnements ionisants étalées dans le temps (faible débit de dose). L’étude porte sur 300 000 travailleurs français, américains et britanniques employés à partir des années 1940 dans l’industrie nucléaire. La cohorte française conduite par l’Institut regroupe plus de 59 000 professionnels surveillés pour leur exposition aux rayonnements.
Ces résultats consolident les hypothèses sous-jacentes au système de radioprotection. Celui-ci repose notamment sur une extrapolation des connaissances des risques radio-induits issues du suivi épidémiologique des survivants des bombardements de Hiroshima et de Nagasaki, exposés en une seule fois sur une très courte durée (fort débit de dose).
Cette étude conforte l’hypothèse d’une absence de seuil pour le risque de cancer aux faibles doses. Elle montre que des expositions cumulées étalées dans le temps peuvent entraîner un risque faible de cancer.
Inworks est coordonnée par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) et David Richardson, professeur en santé environnementale et professionnelle à l’université de Californie-Irvine.

1. Inworks, International nuclear workers study : https://www.bmj.com/content/382/bmj-2022-074520

Contact

Klervi Leuraud : klervi.leuraud@irsn.fr

 

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Recherche : comment sont fabriquées les évaluations de sûreté nucléaire ?

Introduction
Un travail de recherche sur l’expertise en sûreté nucléaire vient d’être finalisé. Quels sont les principaux enseignements ? La fabrication d’expertises ne s’inscrit pas totalement dans un cadre défini par les processus de l’Institut. Les acteurs adaptent ce cadre aux situations rencontrées.
Des experts IRSN échangent sur les dispositions « noyau dur » mises en place au Réacteur à haut flux (RHF), à l’Institut Laue-Langevin, à Grenoble. Celles-ci permettent, en cas d’agression externe, de conserver la maîtrise des fonctions vitales de sûreté. - © Jean-Marie Huron / Signatures / Médiathèque IRSN

Un travail de recherche sur l’expertise en sûreté nucléaire vient d’être finalisé. Quels sont les principaux enseignements ? La fabrication d’expertises ne s’inscrit pas totalement dans un cadre défini par les processus de l’Institut. Les acteurs adaptent ce cadre aux situations rencontrées.
Cette fabrication n’est pas linéaire et individuelle. C’est une activité itérative éminemment collective et transversale. Pour mener à bien son travail, l’expert sollicite ses collègues et sa hiérarchie, il interagit avec des spécialistes d’autres domaines, des experts d’autres organismes, des représentants de l’exploitant et de l’autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Dans le cadre de son habilitation à diriger des recherches (HDR), Alexandre Largier, docteur en sociologie, a mené des recherches sur le travail des chargés d’évaluation en sûreté nucléaire de l’IRSN. - © Sylvain Renard/Médiathèque IRSN

Une compétence collective d’évaluation émerge progressivement au cours d’un travail d’articulation et d’assemblage réalisé par les différents acteurs et se renforce avec la multiplication des dossiers traités. Elle permet d’aligner des entités distinctes pour fabriquer l’évaluation. Par ailleurs, elle s’inscrit dans un régime de civilité : chacun prend soin de la relation, est attentif à autrui. Une distance suffisante est nécessaire pour éviter la capture – éviter que les protagonistes ne versent dans la « co-ingénierie » – et que chacun conserve son autonomie de jugement. 
Cette compétence collective est cruciale : elle permet un gain d’efficacité, une garantie de la qualité des analyses, une prise en charge des risques, comme celui qui porte sur la réputation, pour l’Institut et ses collaborateurs. Dès lors, un management centré sur les compétences individuelles laisse de côté un pan important de l’activité d’expertise.
Ces recherches effectuées dans le cadre d’une habilitation à diriger des recherches (HDR) de l’IRSN sont menées par Alexandre Largier, sociologue.

 

 

 

Pour en savoir plus 

Lire le résumé de l’habilitation à diriger des recherches d’Alexandre Largier :
https://www.irsn.fr/page/competences-lexpertise-cas-fabrication-devaluations-surete-nucleaire-lirsn

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