Quel est l’impact sanitaire de la radioactivité découverte sur la plage de Trébézy ?
Les sables radioactifs de la plage de Trébézy, à Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, ne soulèvent pas d’enjeu sanitaire et ne nécessitent pas de mesures particulières de radioprotection. Voilà les conclusions des experts de l’IRSN en matière de surveillance de l’environnement et de radioprotection de la population à l’issue d’une campagne d’investigation.
De quoi s’agit-il ? Située à l’embouchure de la Loire, cette plage a une particularité : à certains endroits, les sables revêtent une couleur lie-de-vin sombre qui contraste avec la couleur ocre, plus claire, des autres sables. En mai 2023, l’IRSN décide d’entreprendre une première étude et produit une cartographie illustrant la variation en surface de l’intensité du rayonnement émis. Les analyses montrent que les sables sombres contiennent davantage d’uranium et de thorium, deux éléments radioactifs naturellement présents sur Terre.
Quelle est l’origine de ce phénomène ? Les spécialistes évoquent l’éventualité d’une érosion des formations géologiques surplombant la plage. Des études complémentaires sont nécessaires pour confirmer cette hypothèse.
Cette découverte remonte au mois d’avril 2022, lorsqu’un citoyen identifie une anomalie radiamétrique sur la plage et une association locale montre que les sables sombres émettent dix fois plus de rayonnement que les clairs.
Pour en savoir plus
Pour s’informer sur les suites de l’étude et y participer :
https://www.irsn.fr/savoir-comprendre/environnement/anomalie-radioactiv…
Niveaux de références diagnostiques : quelles sont les nouvelles recommandations de l’IRSN ?
Les valeurs des niveaux de référence diagnostiques (NRD) nécessitent d’être revues en radiologie conventionnelle et interventionnelle, en scanographie et en médecine nucléaire. En pédiatrie, les efforts de transmission des données à l’IRSN doivent être poursuivis. La définition de nouveaux NRD, en concertation avec les professionnels, pour certains examens apparus plus récemment, est identifiée comme nécessaire, et pour d’autres – devenus peu fréquents – ils pourraient être supprimés.
Ces recommandations sont issues du septième bilan (1) publié par l’Institut portant sur la période 2019-2021. Les niveaux de référence sont un outil d’optimisation des doses délivrées aux patients destiné aux professionnels de l’imagerie. Ils sont définis réglementairement pour les actes courants. En cas de valeurs supérieures injustifiées, des actions d’amélioration doivent être mises en œuvre. Les données dosimétriques issues de ces évaluations sont transmises à l’IRSN. Ce bilan montre notamment que, chez l’adulte, les valeurs des indicateurs dosimétriques sont inférieures aux NRD dans tous les domaines. En pédiatrie, le nombre de données reçues reste trop faible pour effectuer une analyse statistique robuste au niveau national.
Évaluer les pratiques
Pour élaborer ce bilan, cinq scientifiques – physiciens médicaux et ingénieurs en radioprotection – et une année d’analyse et de rédaction sont nécessaires. Pour formuler les recommandations, ils exploitent les données dosimétriques transmises par les professionnels de santé. Les scientifiques vérifient leur cohérence puis les indicateurs sont analysés et comparés aux NRD en vigueur et aux résultats de la période précédente.
Les actes de radiologie conventionnelle et interventionnelle, la scanographie et la médecine nucléaire conduisent à une exposition des patients variable selon la procédure, la technologie de l’installation et la morphologie du patient. En application du principe d’optimisation, cette exposition doit être maintenue aussi basse que raisonnablement possible sans remettre en cause la qualité diagnostique de l’examen.
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Démantèlement de Fessenheim : quelles sont les conclusions des experts sur le dossier de l’industriel ?
Quel est l’avis de l’IRSN sur le démantèlement de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) ? Il considère que les techniques prévues sont éprouvées et confortent sa faisabilité, notamment grâce au retour d’expérience tiré de celui, en cours, de la centrale de Chooz A, dans les Ardennes.
L’Institut considère que l’impact environnemental et sanitaire des opérations prévues est faible. Il estime toutefois que, pour démontrer la sûreté et la radioprotection pour une opération à fort enjeu – démontage de la cuve du réacteur et de ses équipements internes –, EDF devrait apporter des précisions et réaliser des analyses spécifiques. Par exemple, concernant le détail de la conception et des analyses de sûreté des futurs ateliers et équipements de démantèlement nécessaires : sas de confinement, dispositifs de traitement et de conditionnement de déchets…
Environ dix spécialistes interviennent pour expertiser le dossier de l’industriel transmis en décembre 2021. De multiples compétences sont nécessaires : gestion des déchets, confinement, impact sanitaire et environnemental…
Les conclusions sont présentées au groupe permanent d’experts « Démantèlement » en juin 2023 en vue de la publication du décret de démantèlement.
Pour en savoir plus
- Le démantèlement des installations nucléaires
- Repères n°42 : Démantèlement - Avancer en toute sûreté
Piscines des réacteurs : quels sont les phénomènes en jeu lors d’une perte d’alimentation électrique ?
Si les piscines des réacteurs où sont entreposés les combustibles usagés ne sont plus alimentées en électricité, la perte de refroidissement peut conduire à leur découvrement – appelé « dénoyage ». Le risque est d’exposer à l’air libre des matières hautement radioactives. Comprendre les phénomènes physiques en jeu lors d’un accident de perte de refroidissement est essentiel pour la sûreté. C’est l’objectif du programme de recherche Dénopi1. Deux installations expérimentales2 implantées à Cadarache (Bouches-du-Rhône) sont utilisées pour ces recherches. Les essais confirment la phénoménologie de l’accident. Les expérimentations permettent – à l’échelle de l’assemblage – une première évaluation de l’efficacité d’un moyen d’aspersion pour limiter les conséquences de l’accident. À l’échelle de la gaine de combustible, les scientifiques développent un modèle cinétique pour décrire sa dégradation par oxydation. Il est intégré dans un logiciel3 pour en décrire le processus de dégradation par oxydation.
Ces connaissances sont utilisées par l’Institut pour évaluer les dispositions d’EDF visant à limiter les conséquences de la perte des alimentations électriques des piscines d’entreposage. L’IRSN propose de poursuivre ce programme de recherche en vue d’approfondir la phénoménologie de l’accident.
- Dénopi : Dénoyage accidentel des piscines d’entreposage des combustibles
- Installations Midi (maquette instrumentée pour l’étude du dénoyage des piscines de combustible) et Aspic (Assemblage pour l’étude du dénoyage de piscine combustible)
- Logiciel Astec (Accident Source Term Evaluation Code) permet de simuler un accident de fusion du cœur d’un réacteur refroidi à l’eau
Pour en savoir plus
Quel est le bruit de fond des radionucléides artificiels ?
Quelles sont aujourd’hui les concentrations dans l’environnement des radionucléides artificiels provenant des retombées de l’accident de Tchernobyl et des essais d’armes nucléaires entre 1950 et 1980 ? Quelle exposition de la population en résulte ? En avril 2022, l’Institut publie le rapport « Bruit de fond » qui répond à ces questions et permet de disposer d’un état radiologique de référence. Cet état pourrait en particulier être utile en cas d’accident nucléaire. La connaissance du bruit de fond aide à déterminer les quantités de radionucléides ajoutées localement par les rejets des installations nucléaires. Ce document montre que le bruit de fond est très faible et diminue très lentement1. Il existe des zones2 où les concentrations de certains radionucléides sont plus élevées, en lien avec l’hétérogénéité des dépôts radioactifs initiaux. Sur ces espaces – qui regroupent près de 7 % de la population française –, la dose moyenne due au bruit de fond est estimée à 46 µSv/an, contre 9 µSv/an pour les personnes résidant ailleurs dans l’Hexagone. Pour mener cette étude, les scientifiques s’appuyent sur des milliers de résultats de mesures recueillis depuis les années 1960. Prélèvements d'algues à Grandcamp-Maisy (Calvados). © Jean-Baptiste Saunier/Médiathèque IRSN Afin de caractériser la situation actuelle, en complément de la surveillance annuelle, ils ont réalisé sept constats radiologiques régionaux. Menés en Val de Loire, vallée du Rhône, Méditerranée..., ces derniers sont basés sur des campagnes de prélèvements d’échantillons et de leurs analyses3.
1. Les concentrations sont le plus souvent inférieures à 1 Bq/kg dans les denrées et de l’ordre du µBq/m3 dans l’air.
2. Ces zones sont disséminées principalement dans l’est du pays: les Vosges, le Jura, la vallée du Rhône.
3. Pour le constat Normandie et Hauts-de-France par exemple, les scientifiques effectuent près de mille analyses.