Traitement du cancer de la thyroïde : quels effets sur la qualité de vie des patients ?

Introduction
La qualité de vie à moyen terme des patients traités pour un cancer de la thyroïde n’est pas altérée par une thérapie par iode radioactif. C’est la conclusion de l’étude Start (1), menée depuis 2020 par des chercheurs du Laboratoire d’épidémiologie de l’IRSN – devenu aujourd’hui l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) –, basé dans les Hauts-de-Seine.
© Pierre BOURCIER / globulocreation.com / Médiathèque IRSN / Magazine Repères

La qualité de vie à moyen terme des patients traités pour un cancer de la thyroïde n’est pas altérée par une thérapie par iode radioactif. C’est la conclusion de l’étude Start1. Elle est menée depuis 2020 par des chercheurs du Laboratoire d’épidémiologie de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR), basé dans les Hauts-de-Seine. Elle inclut 136 patients atteints et pris en charge dans le service de médecine nucléaire de l’hôpital universitaire de la Pitié-Salpêtrière. Elle examine les effets potentiels de cette thérapie, administrée quelques semaines après et en complément d’une chirurgie, sur la qualité de vie liée à la santé, les symptômes d’anxiété et de dépression, et l’état nutritionnel.
Les doses qu’ont reçues les glandes salivaires sont estimées à partir de dosimètres placés dans le cou des patients et portés pendant cinq jours après le traitement. La qualité de vie et l’état psychologique des malades sont évalués avant la thérapie et six mois après à l’aide de questionnaires standardisés.
Aucune association statistiquement significative n’est constatée entre l’exposition à l’iode radioactif et les symptômes d’anxiété, de dépression et la nutrition. Par contre, une amélioration statistiquement significative du score de la composante physique, mesurée par le questionnaire de qualité de vie – diminution des douleurs et du déficit fonctionnel –, est observée en relation avec la dose reçue. Ce résultat est à interpréter avec prudence. En effet, les patients à qui une forte dose d’iode radioactif est administrée souffrent d’un cancer plus agressif que ceux qui en reçoivent une plus faible. Ainsi, l’évaluation avant thérapie peut avoir été impactée par les effets de la chirurgie préthérapie ; or aucune évaluation n’a pu être réalisée avant chirurgie.
La qualité de vie et le bien-être psychologique des patients traités pour un cancer de la thyroïde sont essentiels compte tenu du bon pronostic de survie.
Cette étude se poursuit avec un suivi à 18 et 36 mois afin d’étudier l’évolution de la santé des patients à moyen et long terme.

1. Salivary dysfunction after radioiodine treatment

INFOGRAPHIE – Quelles sont les étapes de la réalisation d’une étude clinique ? L’exemple de Start

Dix mille nouveaux cas de cancer de la thyroïde sont diagnostiqués tous les ans en France.
Certains sont traités par de l’iode radioactif. L’étude épidémiologique Start étudie ses effets sur la qualité
de vie des patients. Elle est menée par des chercheurs et des professionnels de santé de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Comment ? Qui sont les spécialistes impliqués ? À qui serviront les résultats ?

© T. Cayatte/Agence Ody.C/Médiathèque IRSN/Magazine Repères

Contact

Clemence BAUDIN,
chercheuse en épidémiologie au laboratoire d'épidémiologie, ASNR :
clemence.baudin@asnr.fr  

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Thème

Démarrage de l’EPR : quel est le suivi mené par les experts ?

Introduction
Analyser les résultats des essais, étudier les dossiers d’autorisation pour le passage de palier de puissance, examiner les aléas, rendre des avis, assister à des inspections sur site et effectuer des points hebdomadaires avec l’industriel.
Entre avril 2017 et décembre 2018, Manuel Lambert, ingénieur de l'IRSN, suit le déroulement des essais de démarrage du réacteur EPR de Flamanville. Fin 2024, des essais sont menés lors de la montée progressive en puissance du réacteur.  - © Alexis Morin/Médiathèque IRSN

Analyser les résultats des essais, étudier les dossiers d’autorisation pour le passage de palier de puissance, examiner les aléas, rendre des avis, assister à des inspections sur site et effectuer des points hebdomadaires avec l’industriel. Voilà les principales priorités des experts de l’IRSN – devenu aujourd’hui l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR)1 depuis la première divergence du cœur du réacteur de l’EPR2 de Flamanville (Manche), atteinte début septembre 2024. La divergence correspond à l’atteinte de l’état critique du cœur, permettant le déclenchement des réactions en chaîne de fission. Une fois atteinte, la puissance du réacteur sera augmentée par paliers jusqu’à 100 % de puissance nominale (% Pn)3.

Le 31 mai 2024, à la Cité de la Mer, à Cherbourg (Manche), se déroule la soirée interne d’inauguration par EDF de l’EPR de Flamanville, dont la mise en service vient d’être autorisée.  - © Novelty

Au total une dizaine de spécialistes en neutronique et thermohydraulique sont impliqués dans le suivi du programme d’essais, préalables et postérieurs à la divergence. Ils analysent les résultats des essais physiques destinés à vérifier la conformité du cœur, le caractère enveloppe des hypothèses prises en compte dans les études de sûreté et le calibrage de l’instrumentation du cœur. Des experts et le chargé de site de l’installation analysent les résultats d’essais de systèmes – par exemple le système électrique. Plusieurs d’entre eux se rendent sur le site à l’occasion d’inspections de l’ASNR1 afin de suivre la mise en place et le déroulement de ces essais.
En 2025, les experts examineront les dossiers en support à des demandes de modifications. Ces dernières seront pour la plupart effectuées lors du premier arrêt du réacteur.
La mise en service de l’EPR de Flamanville est autorisée en mai 2024 par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Puis, début septembre, elle autorise l’engagement de la première divergence du cœur.

 

1.Depuis le 1er janvier 2025, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) sont regroupés au sein d’une nouvelle entité : l'Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR).
2. EPR est l’acronyme de Evolutionary Power Reactor, qui était initialement European Pressurized Reactor
3. La puissance nominale est la puissance maximale qu’une installation nucléaire peut produire de manière continue dans des conditions normales.

 

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Urgence radiologique : un nouveau moyen de mesure de la contamination interne est disponible

Introduction
Autonome, léger et facile à transporter auprès du public pour estimer une éventuelle contamination interne, ce nouveau dispositif pour réaliser des mesures anthroporadiométriques est désormais opérationnel. En cas d’urgence radiologique ou nucléaire, l’Institut évalue la situation et déploie à proximité de l’accident des véhicules-laboratoires équipés pour ce type de mesure.
Le dispositif Syalma (dont le prototype est visible à droite) est destiné à remplacer progressivement une partie des véhicules actuellement utilisés (à gauche). - © Arnaud Bouissou/MEDDE/Médiathèque IRSN / Jeanne Loyen SMERI/Pôle Santé et Environnement/IRSN / © SMERI/Pôle Santé et Environnement/IRSN

Autonome, léger et facile à transporter auprès du public pour estimer une éventuelle contamination interne, ce nouveau dispositif pour réaliser des mesures anthroporadiométriques est désormais opérationnel. En cas d’urgence radiologique ou nucléaire, l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) évalue évalue la situation et déploie à proximité de l’accident des véhicules-laboratoires équipés pour ce type de mesure. Pour les enfants et les personnes à mobilité réduite ne pouvant se déplacer à l’intérieur de ces véhicules, ce nouveau dispositif est plus adapté. Dénommé Syalma, il est constitué d’un support ergonomique qui convient à tout type de morphologie, et équipé d’un système de détection gamma conçu pour la thyroïde et le corps entier. Il comporte un logiciel d’acquisition, d’exploitation et de pilotage des mesures. Cette invention est brevetée. Syalma est destiné à être produit en plusieurs exemplaires et à remplacer progressivement une partie des véhicules actuellement utilisés. Il permettra le déploiement simultané de plusieurs systèmes modernisés pilotés par un unique poste de commandement dans un espace qui lui aura été réservé – un gymnase par exemple. Son premier usage sur le terrain est prévu lors des exercices de crise nationaux de l’année 2025.

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Création de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR)

Introduction
Depuis le 1er janvier 2025, l'IRSN et l’ASN sont réunis pour devenir l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR). Autorité administrative indépendante, l’ASNR assure, au nom de l’État, le contrôle des activités nucléaires civiles et de radioprotection en France. Elle remplit des missions de recherche, d'expertise, de formation et d’information des publics dans les domaines de la sûreté nucléaire et de la radioprotection. Elle est créée par la loi du 21 mai 2024 relative à l'organisation de la gouvernance de la sûreté nucléaire et de la radioprotection.

Depuis le 1er janvier 2025, l'IRSN et l’ASN sont réunis pour devenir l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR). Autorité administrative indépendante, l’ASNR assure, au nom de l’État, le contrôle des activités nucléaires civiles et de radioprotection en France. Elle remplit des missions de recherche, d'expertise, de formation et d’information des publics dans les domaines de la sûreté nucléaire et de la radioprotection. Elle est créée par la loi du 21 mai 2024 relative à l'organisation de la gouvernance de la sûreté nucléaire et de la radioprotection.

Repères, le webmagazine scientifique de l’ASNR poursuit ses publications pour décrypter les risques radiologiques en santé, sûreté et environnement. Repères partage les résultats d’études, d’expertises et des recherches menées par plus de 2 000 collaborateurs au service de la population et de l’environnement.  

Logo ASNR
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Les premiers poissons sur la Lune ? L’aquaculture spatiale avec le programme Lunar Hatch

Introduction
Les astronautes élèveront-ils bientôt des poissons sur la Lune ? C’est l’enjeu du programme Lunar Hatch (éclosion lunaire), porté par l’Ifremer1 et auquel participe l’IRSN – devenu aujourd’hui l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR).
Afin que les astronautes puissent un jour vivre et se nourrir en autonomie sur la Lune, l’Ifremer collabore avec l’IRSN. L’objet de leurs recherches ? Étudier l’effet des rayonnements cosmiques sur des œufs de bar (ici en photo).   - © Ifremer (2019). Œufs de poissons. Ifremer. https://image.ifremer.fr/data/00707/81913/

Les astronautes élèveront-ils bientôt des poissons sur la Lune ? C’est l’enjeu du programme Lunar Hatch (éclosion lunaire). Il est porté par l’Ifremer1 et auquel participe le laboratoire de micro-irradiation, de métrologie et de dosimétrie neutrons de l'Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR). L’objectif est d’étudier la faisabilité de l'envoi d’embryons de poissons d’aquaculture sur la Lune et de leur élevage en vue de nourrir les résidents d’une future base lunaire. Après avoir montré la capacité des œufs de bar à résister aux conditions de décollage et d’apesanteur d’un voyage spatial, six scientifiques des deux entités étudient ensemble l’effet des rayonnements cosmiques. L’irradiation des œufs de bar et les recherches sur les effets radio-induits impliquant des dommages sur l’ADN sont effectuées par l’ASNR. Les travaux sur les anomalies de développement sont menés conjointement par les deux entités sur les embryons. D’abord exposés à des neutrons (installation Amande2), ceux-ci n’ont pas été affectés. Les analyses de leur exposition à des protons produits par le microfaisceau Mircom3 sont en cours. L’étape suivante consistera à envoyer des embryons de poisson dans l’ISS4 afin d’examiner leur résistance dans des conditions réelles. Ces recherches apportent des connaissances nouvelles sur les effets biologiques des neutrons et des protons.

1. Ifremer : Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer
2. Amande est un accélérateur de particules implanté sur le site de Cadarache (Bouches-du-Rhône). C’est un outil d’études et de recherches en dosimétrie des neutrons.
3. Mircom, pour Microfaisceau d’ions dédiés à la radiobiologie des communications intra- et intercellulaire est une plateforme d’irradiation équipée d’un microfaisceau d’ions capable de cibler, avec une précision micrométrique, des éléments cellulaires ou subcellulaires. C’est un outil utilisé par les chercheurs de l’Institut pour leurs recherches en radiobiologie.
4. La Station spatiale internationale est abrégée ISS, d’après le nom anglais : International Space Station.

Contact

Christelle ADAM-GUILLERMIN
chercheuse en radiobiologie au Laboratoire de micro-irradiation, de métrologie et de dosimétrie neutrons (LMDN)
04 42 19 94 01
christelle.adam-guillermin@asnr.fr

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Les Niveaux de référence diagnostiques ont 20 ans : des avancées réalisées grâce aux professionnels

Introduction
Radiologie conventionnelle et interventionnelle, scanographie, médecine nucléaire : dans tous ces domaines les doses délivrées aux patients adultes se situent en deçà des Niveaux de référence diagnostiques (NRD). C’est l’une des avancées notables en radioprotection patients permise par la mise en place de ces NRD. En 2024, ils fêtent leurs vingt années d’existence.
Un service radiologie à Bicêtre
Entre 2018 et 2021, la baisse des niveaux de référence diagnostiques (NRD) est de 4 à 19 %, selon les domaines -radiologie conventionnelle, scanographie, médecine nucléaire. Ici, une salle de radiologie à l’hôpital Bicêtre dans le Val-de-Marne. - © Philippe Dureuil/Médiathèque IRSN

Radiologie conventionnelle et interventionnelle, scanographie, médecine nucléaire : dans tous ces domaines les doses délivrées aux patients adultes se situent en deçà des Niveaux de référence diagnostiques (NRD). C’est l’une des avancées notables en radioprotection patients permise par la mise en place de ces NRD. En 2024, ils fêtent leurs vingt années d’existence.
Ces niveaux constituent des « valeurs repères » qui guident les praticiens dans l’optimisation de l’exposition.
Autre progrès : le taux de participation des services d’imagerie. Il augmente de façon continue depuis leur création en 2004 pour atteindre près de 90 % en médecine nucléaire et scanographie et 50 % en radiologie conventionnelle.
Cette bonne transmission est indispensable pour que le l’amélioration des pratiques progresse. Un nombre important de données est primordial pour que les experts de l’Institut établissent des statistiques solides et proposent des mises à jour de ces niveaux en adéquation avec les technologies et les pratiques les plus récentes.  

La mobilisation de tous

En 2023, plus de 8 000 évaluations sont adressées à l’Unité d’expertise médicale de l’Institut.
Pour le professeur Hubert Ducou le Pointe,  Chef du service de radiopédiatrie à Hôpital Armand-Trousseau à Paris, « Le recueil et la transmission des NRD demandent la mobilisation de tous les acteurs : manipulateurs, physiciens médicaux, radiologues. Ces niveaux favorisent l’optimisation des pratiques. L’ajout des Valeurs guides diagnostiques1 les fera encore progresser », précise-t-il. Pour lui, la généralisation des DACS2, pour système d’archivage et de communication de la dose (Dose Archiving and Communication System) devrait permettre d’atteindre l’exhaustivité du recueil des données ainsi que la publication de NRD par indication clinique.
En 2004 parait le premier arrêté relatif aux NRD en radiologie et en médecine nucléaire en France pour les actes d'imagerie présentant un enjeu de radioprotection pour les patients. Il met en application les recommandations de la publication 73 la CIPR parue en 1996 où le principe des NRD est précisé pour la première fois.
Grâce à deux révisions de cet arrêté en 2011 et 2019, de nouveaux types d’examens sont intégrés afin de prendre en compte les évolutions technologiques et des pratiques. C’est le cas en 2019 pour la radiologie interventionnelle et l’imagerie scanographique en médecine nucléaire.

1. La Valeur guide diagnostique ou VGD est une « valeur repère » complémentaire et inférieure aux NRD. Il s’agit de la médiane des données dosimétriques transmises à l’IRSN. C’est un outil supplémentaire permettant une démarche d’optimisation renforcée 
2. Les DACS sont un outil informatique employé pour collecter et analyser les doses délivrées lors des examens d’imagerie.

Mammographie et tomosynthèse

Les mises à jour sont réalisées à partir des propositions de l’IRSN émises dans ses bilans publiés tous les 3 ans. Elles découlent de l’analyse des données dosimétriques transmises par les professionnels et des résultats d’enquêtes spécifiques réalisées auprès des professionnels de santé, et avec l’aide des sociétés savantes médicales.
Dernière avancée en date :  un futur arrêté permettra d’intégrer un NRD pour la tomosynthèse mammaire, examen réalisé de plus en plus fréquemment dans le cadre du dépistage du cancer du sein. Là encore, l’implication des professionnels dans la collecte de données pour proposer ce nouveau NRD est primordiale. 

Niveaux de référence diagnostiques : la participation des services d'imagerie

NRD : la participation des services d'imagerie
La transmission des données progresse depuis la mise en place des niveaux de référence diagnostiques en 2004. Elle reste insuffisante pour la pédiatrie, où le nombre de données transmises à l'IRSN est trop faible pour obtenir une robustesse statistique. - © Saarah Cassim/Médiathèque IRSN - Novembre 2024

Pour en savoir plus

Lire NRD - Niveaux de référence diagnostiques sur irsn.fr

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